Témoignage

M. Jacques MAINOT
habitant de Pinterville

Mme Jeannine MAINOT
habitante de Pinterville

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Transcription

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[00:17] Mme Bonjour
M. Bonjour MAINOT Jacques Firmin Joseph, habitant Pinterville depuis 1932.
Mme Je m'appelle MAINOT Jeannine, je suis habitante de Pinterville depuis 1949.

[00:33]
Enfance au Vaudreuil

Mme J'ai fait toute mon école au Vaudreuil moi. De la maternelle jusqu'au certificat d'études. Je me plaisais beaucoup au Vaudreuil, j'aimais bien ce pays. L'école des filles était dans une petite rue, et l'école des garçons était là où il y a la mairie maintenant du Vaudreuil. À côté des Rivalières, les Rivalières c'est les personnes âgées. J'habitais à côté de l'église qui est réformée maintenant, qui ne sert plus. Je crois qu'ils veulent la vendre, je ne sais pas très bien. Ma mère tenait l'épicerie de la rue, la Ruche Picarde. Elle l'a tenue pendant 20 ans, et puis au bout de 20 ans, la Ruche Picarde voulait qu'elle fasse les tournées, mais comme elle était toute seule, elle ne pouvait pas, donc nous on est allés habiter avec elle, et mon mari faisait les tournées et moi je restais au magasin. [01:43] On a la rivière de l'Eure qui passe. On avait un petit bras d'eau qui venait jusque sur la route devant chez nous. Un bras d'un mètre de large quoi. On n'avait pas l'eau sous pression. Il fallait aller chercher de l'eau au lavoir qui était un petit peu plus loin que le petit bras d'eau. On allait rincer notre linge au lavoir. On savonnait, tout ça. On faisait bouillir notre linge chez-nous si vous voulez dans des lessiveuses, et on allait pour le rinçage au lavoir. On trempait le linge dans l'eau et on avait un battoir. On mettait le linge sur une planche, et on battait le linge comme pour le tordre si vous voulez, pour faire sortir la mauvaise eau. Et puis après on le rinçait encore une fois, et puis on le rebattait encore une fois avant de l'emmener dans un baquet pour pouvoir le sécher. On le séchait à la maison. Mais on ne lavait pas le linge au lavoir, c'était fait à la maison, c'était que le rinçage. Ça faisait du linge à rincer. Ça se faisait beaucoup hein. À Acquigny il y avait le lavoir aussi, à Heudreville aussi, j'ai une tante qui y allait rincer son linge. Les lavoirs étaient utiles avant, beaucoup. Après notre mariage ça a existé encore quelques années. Mais il n'y avait plus beaucoup de monde qui y allait, parce que ça devenait plus assez entretenu. Parce que l'eau n'était pas, elle ne coulait pas pareillement, elle n'était pas si claire. Tout ça c'est déjà du vieux. [03:43] Ça a sorti aussi la rivière d'Eure. Je me souviens au Vaudreuil c'était sorti, ça sortait au Vaudreuil. Parce qu'entre le Vaudreuil et Incarville, on ne pouvait plus passer, c'était que de l'eau, par la rivière d'Eure. Et là où ils ont construit les Rivalières, les maisons de retraite des personnes âgées, ce n'était qu'un lac. Et là où ils ont fait une nouvelle salle des fêtes, ce n'était qu'un lac. Et nous, au Vaudreuil on avait une turbine qui nous faisait l'électricité. Elle a été installée par un habitant, je ne me souviens plus du nom. La turbine elle existe toujours parce que c'était, il y avait une usine Miquel qui était plus loin de l'autre côté de la rivière qui s'en est servie de cette turbine-là. Et après ça a été Wonder qui a racheté l'usine Miquel et qui se servait turbine-là. Elle était sur la rivière. Il y a deux bras d'eau là si vous voulez. Il y a un bras d'eau là, la turbine, il y avait une île, il y avait le même une maison d'habitation, et de l'autre côté il y avait encore la rivière. La rivière d'Eure était séparée par cette... Ça venait de Tournedos. Oui j'ai connu tout ça. [05:34] Notre seule promenade c'était le bord de la rivière. On se promenait beaucoup au bord de l'eau. Ah oui et même sans passer par le petit bras d'eau qui était en face de chez-nous, on allait du côté des Rivalières, mais là on longeait l'eau jusqu'à la sortie du Vaudreuil. Et moi je me souviens, quand j'étais jeune, on allait apprendre à nager dans l'eau. On apprenait entre copines quoi, on apprenait à nager derrière la maison à Draget qui était couvreur. On allait par là. On ne savait pas nager, alors il ne fallait pas s'aventurer. C'était assez profond là-bas, ah oui oui. [06:28] Donc à la turbine que je vous parlais, il y avait plusieurs petits ponts en bois pour traverser le bras d'eau de la rivière. Au Vaudreuil, il y en a des ponts. Avant d'arriver sur la grande place du Vaudreuil, il y a deux ponts qui se tiennent. C'est des bras d'eau qui sont dessous. Et avant d'arriver à ces ponts-là, c'était Miquel et après c'était Wonder, il y avait encore un bras d'eau, qu'on appelait la Morte-Eure. C'est séparé en plusieurs bras d'eau dans le Vaudreuil. Moi je connaissais tout ça, j'allais me promener au bord de l'eau. [07:30] Le Vaudreuil était vivant, beaucoup de commerçants et tout. Maintenant ça se perd tout ça. Les supermarchés ils font du bien pour les gens et du mal pour les commerçants.
[07:46] M. J'avais peur de l'eau.
Mme Il racontait des bêtises, sur l'eau.
M. J'avais peur de l'eau moi.
Mme Il racontait des bêtises à ses copains. Le pont des Andelys, vous connaissez ? Il disait aux gens qu'il s'était jeté du pont des Andelys dans l'eau... et puis tu aurais pu te noyer.
M. Je n'ai pas été noyé parce que j'avais un slip qui s'appelait "bateau".
Mme Le Petit Bateau. C'est ce qu'il disait aux gens.
M. Je ne me suis jamais jeté à l'eau.
Mme Non non, il avait peur de l'eau. Même si on allait en voyage scolaire, on allait souvent au bord de la mer. Il ne montait jamais au bord de la mer hein.
M. Non
Mme Moi j'y allais avec les enfants.

[08:47]
Les bals

Mme. On s'est connus dans les bals. Les bals qu'il y avait dans le secteur de Louviers.
M. On allait beaucoup au bal hein.
Mme On n'avait que ça comme distraction, et puis le cinéma, et encore pas tellement le cinéma.
M. Non non, on allait beaucoup au bal mais pas beaucoup au cinéma.
Mme Moi j'allais au bal le samedi soir, et quelques fois quand il y en avait le dimanche après-midi et puis c'est tout, parce que le dimanche soir, pas question d'aller au bal. Le lendemain il fallait travailler. Il y avait des beaux bals de sociétés à Louviers, bal des imprimeurs, bal des maraîchers, bal des filatures, bals de tout ça. C'était des bals de sociétés. Moi j'y allais dans ces bals-là. Mais au Vaudreuil quand il y avait des beaux bals aussi, j'y allais hein. Mais autrement, j'allais au bal aussi à Saint-Pierre-du-Vauvray. C'était notre seule distraction. Je vais vous dire une chose, j'allais même au bal à Saint-Adrien à côté de Rouen.
M. Vous connaissez Saint-Adrien ? Le Moulin Rose, tout ça ?
Mme Au Moulin Rose, le dimanche après-midi, à vélo avec des pneus plats, comme ça je ne pouvais pas crever. On ne mettait pas longtemps, on était jeune alors on pédalait hein. À ce moment-là, vous savez, on partait après manger le midi et puis on revenait le soir avant la nuit parce que les journées étaient longues à ce moment-là. On n'allait pas la nuit hein, pour revenir en vélo hein. Remarquez, il n'y avait pas la circulation de voitures comme maintenant. Moi j'ai fait la route du Perrier-sur-Andelle en vélo plusieurs fois. Perriers-sur-Andelle le vélo jusqu'au Vaudreuil, et je l'ai même fait à pied. Et avec mon père, comme moi je suis du Pays de Caux, je ne suis pas du coin, on allait dans la famille à vélo, dans le Pays de Caux. J'avais dans les 15 ans, par là. 11:19 J'ai commencé à conduire, à passer mon permis, j'avais 65 ans. J'ai passé mon permis, pourquoi ? Parce que j'avais peur qu'il soit handicapé pour conduire, et qu'on ne puisse plus sortir. Et si je vous disais que je n'ai jamais conduit ? Il ne me laissait pas conduire. J'ai mon permis dans mon portefeuille. Je l'ai passé à 65 ans, avec une petite-fille. Elle passait son permis pour elle et moi je passais le mien.
M. On travaillait hein. On commençait à 4h30 du matin, tous les jours, on décollait avec le camion et la remorque, 4h30 du matin. Le soir on rentrait très tard. Quand je rentrais, les gamins étaient couchés. Je ne les voyais pas. Je les voyais comme ça mais je ne les voyais pas. On bossait hein. C'est pas comme maintenant, ils sont fatigués avant de se lever.

[12:47]
L'ancien lavoir de Pinterville

Mme J'avais beaucoup de draps à laver, qu'on avait mis pour faire une salle, parce qu'à ce moment-là il n'y avait pas de salle des fêtes, et on lavait tous les draps à la maison, au baquet. Et ensuite, avec une brouette, les baquets, on est allés au lavoir pour rincer tous les draps.
M. À Pinterville.
Mme Voilà. Mais il était juste avant le pont, quand on sort de Pinterville, à gauche. Maintenant c'est un petit bras d'eau qui n'est même pas entretenu quoi. Alors, je ne sais pas en quelle année il a été détruit. Après je les ai ramenés à la maison et je les ai étendus dans la cour pour les faire sécher. Ça c'est le souvenir de mon mariage, en 1949. J'y suis allée juste au moment de mon mariage, pour rincer mon linge. Il y avait beaucoup de draps à laver et à rincer. Ça devait marcher encore parce que les gens y allaient avec les brouettes et puis les battoirs pour taper le linge. Mais là j'ai pas connu ces gens-là.

[14:10]
Le chemin de fer

MmeIci, c'est toujours pareil, Pinterville, le pont, il est à Pinterville, mais la ligne de chemin de fer qui est à côté n'est pas à Pinterville, c'est Mesnil-Jourdain. Et au Mesnil-Jourdain, il y avait une garde-barrière qui habitait juste à côté du train qui passait, et cette dame-là était de Pinterville. Elle est ancienne, je l'ai connue, oui oui.
M. Le train passait là.
Mme Et la maison de la garde-barrière a été démontée parce que c'était des locataires qui étaient et il y a un camion chargé de suif qui est rentré dedans, donc il a fallu qu'elle soit détruite, parce qu'il y a même eu un blessé je crois. Après ça a été fini, le train ne s'arrêtait plus à Pinterville.

[15:30]
Le pont

Mme Moi je ne l'ai pas vu. Toi tu l'as vu ?
M. La passerelle de ?
Mme Du pont. Vous passiez sur le pont.
M. Ah oui il y avait une passerelle oui.
Mme C'était un truc provisoire
M. Oui c'était une passerelle qu'on passait sur le pont.
Mme Ils ont refait un pont à la place.
M. Ils ont refait un pont à la place. Ils ont enlevé la passerelle et ils ont fait le pont.
Mme Comme ça on peut circuler et sortir de Pinterville pour aller sur la route d'Évreux

[16:04]
La crue de 1965

Mme La crue de 1965 j'étais là moi. La crue de 1965, c'était inondé partout hein, toutes les rues par ici, de chez-nous pour aller jusqu'au pont c'était inondable.
M. Ah oui c'était plein d'eau. Oui c'était inondable oui.
Mme Nous on n'y allait pas par-là quand c'était inondé. Si bien qu'ici, sur cette route-là, on avait encore une place où la rivière traversait, où l'eau traversait. On ne pouvait pas passer.
M. Elle traversait la route là.
Mme Et par là on pouvait passer mais difficilement parce que l'eau traversait aussi.
M. Mais là on pouvait y passer aussi, mais il fallait passer dans l'eau. Il n'y en avait pas épais mais il y en avait quand même.
Mme On ne pouvait pas circuler avec une voiture, la voiture aurait été noyée. Peut-être bien un mois hein.
M. Oui c'est ce que j'allais dire aussi.
Mme Les gens ne pouvaient pas circuler comme ils voulaient. Nous la petite rue qui est en face de chez-nous là, qui rejoint Louviers, c'était inondé. C'est la rue des ouvriers. Les gens qui allaient travailler à Louviers, ils ne pouvaient plus passer.
M. Ah non, là ils ne pouvaient plus. C'était inondé.
Mme Le terrain de courses, le champ de courses était inondé aussi. Tout était inondé par là. Le château de Mademoiselle Rostand a été inondé aussi, dans tout le parc. Mademoiselle Rostand, c'était sa tante qui avait le château en premier, et Mademoiselle Rostand est venue habiter chez sa tante, et elle elle s'occupait des personnes, elle allait à domicile faire les piqûres, faire les soins aux gens
M. Gratuitement.
Mme Gratuitement. Donc c'était notre infirmière.
M. Donc vous voyez qu'il y avait de l'eau parce que dans son mur qu'elle avait, il y avait des trous de faits.
Mme Il y a des marques de la hauteur d'eau.
M. Et puis il y avait des portes.
Mme Des vannes, pour les vannes.
M. Pour que l'eau vienne, passe de chez-elle sur la route. Alors comme ça l'eau passait.
Mme Oui mais elle ne pouvait pas aller loin parce qu'il y avait de l'eau de l'autre côté aussi. Mais le château, il est vieux ce château-là. Mademoiselle Rostand a habité là longtemps. Donc les deux, la tante et la nièce sont décédées ici, et ça a été revendu.

[19:02]
Les pêcheurs sur le bras mort

Mme Du lavoir, du côté du pont d'Acquigny, le nouveau pont qu'ils ont fait. Le nouveau pont, entendons-nous, qu'on passe sur la route.
M. Il y a des gars qui venaient pêcher, on ne les connaissait pas. Ils montaient des cabanes au bord de la rivière. Un lieu pour manger et se mettre à l'abri, et puis tout ça, pour pêcher.
Mme Ce n'est pas praticable.
M. Non ce n'est plus pareil.

[19:37]
Le faucardage

Mme Le monsieur qui entretenait la rivière, c'est le monsieur de la dame qui tenait un café à Pinterville.
M. Heurtematte.
Mme Madame Heurtematte. Elle tenait le café et son mari s'occupait de faucarder la rivière, les mauvaises herbes, tout ça, il nettoyait, dans une barque. Tu l'as vu toi.
M. Ah oui ! Il était dans sa barque et puis il avait une faux avec un grand manche, et puis il coupait l'herbe. Faucarder qu'on appelait ça.
Mme Pour entretenir les rivières.
M. Et puis lui en plus, les routes n'étaient pas goudronnées, il y avait des tas de cailloux, et c'est lui qui bouchait les trous, il avait sa brouette, il prenait du caillou dans sa brouette et il mettait ça dans les trous qu'il y avait sur la route. Il marchait nus pieds nues pattes, il n'avait jamais de chaussures.
Mme C'était avant 1949 hein, parce que moi je n'ai pas connu hein.
M. Je n'ai jamais vu personne passer après lui.
Mme Après on voyait les herbes qui poussaient dans l'eau.
M. Il coupait l'herbe et tout ce qui s'ensuit, mais c'est lui qui, il avait le bateau, et sa chaîne qui était dans le bateau, et puis sa grande faux avec un grand manche, et puis il coupait l'herbe.
Mme Il avançait lui-même.
M. Parce qu'il y a une chose qui se passe, dans le bateau il avait une chaîne avec un poids. Il jetait la chaîne et le poids dans l'eau, donc le bateau restait à peu près dans le secteur, il ne s'en allait pas au courant de l'eau.
21:15 Mme Le bras a dû être un peu abandonné, et c'est comme ça que les gens n'y allaient plus pour rincer.
M. Je ne sais pas s'il existe. L'eau doit passer encore un peu mais...
Mme Oh elle ne court pas ! Elle est stationnée là. Ah non, ce n'est pas entretenu, c'est de la cochonnerie qui a poussé quoi. Par contre, sur la route d'Evreux, il y a tous les arbres là, ça fait comme une forêt, et bien c'est un monsieur d'Acquigny qui entretenait tous les arbres à couper, et c'était toujours faucardé, les arbres, il s'occupait de ça continuellement.
M. Il coupait l'herbe à la faucille.
Mme Je ne me souviens plus du nom du monsieur.
M. On appelait ça la faucille, je ne sais pas si vous connaissez ça.
Mme Il faucardait les arbres, les branches dépassent pas sur la route, tout ça. C'était entretenu, alors que maintenant, ça pousse. Mais ça c'est pas Pinterville, c'est Mesnil-Jourdain.

[22:35]
Les courses de Pinterville

Mme Les courses de Pinterville, oui c'était assez renommé parce qu'il y avait du monde hein. Il y avait beaucoup de chevaux. Mais moi je ne les ai pas fréquentées les courses. Je ne sais pas si tu y es allé toi ?
M. Il y avait des courses de chevaux oui.
Mme Tu n'y es pas allé toi ?
M. Je ne m'en rappelle pas. Je ne m'en rappelle pas du tout. Oui il me semble bien que j'ai été aux courses de chevaux.
Mme Ici, c'était beaucoup Monsieur Portois qui s'occupait des chevaux.
M. Oui il y avait Portois et puis il y avait une autre personne qui s'en occupait aussi.
Mme Enfin ici c'était surtout Monsieur Portois. C'est terminé ça.
M. Ah oui ça n'existe plus tout ça.

[23:34]
Le jour le plus long

Mme Des parties du Jour le plus long, pas tout hein. Parce qu'il y en a eu de tournées sur Acquigny aussi. Parce que, ici, il y a d'aucunes rues qui ont été filmées pour le film, mais je ne sais pas lesquelles. La rue des Préaux je crois, du côté de... en allant du côté du pont, tout ça ça a été filmé filmé. Oui parce qu'on voit les Allemands, dans le film, qui sortent, ils viennent du pont, et ils viennent du côté de l'église à pied, donc là on voit les Allemands quoi. Vous dire Le jour le plus long, moi je l'ai vu à la radio, à la télé quoi c'est tout. Il y a des jeunes ici qui y ont participé hein. Je n'y allais pas moi, j'avais mes enfants hein. Je n'y allais pas, je sais que ça a été tourné un moment hein. Même sur Acquigny.
M. Oui sur Acquigny aussi oui.
Mme Et Le train a été tourné aussi, le film Le train. Le train a été tourné sur Acquigny, beaucoup, parce qu'il y avait le passage à niveau, si vous connaissez Acquigny. Le passage à niveau, et il y a le restaurant à côté, et bien la patronne du restaurant elle causait avec les gens qui filmaient Le train.

[25:17]
La guerre (en vrai)

M. La guerre ? Chez mes parents il y avait les Allemands qui y habitaient aussi hein. Ils couchaient là.
Mme Il y avait quatre Allemands je crois.
M. Quatre oui.
Mme Quatre Allemands qui couchaient, parce que ma belle-mère, elle avait un petit café, et une petite épicerie. Alors ils avaient réquisitionné le café pour coucher dedans.
M. Et puis dans la grande maison de l'autre côté de la rue, c'était le chef qui était là-dedans. Et la sentinelle était à la porte de la rue avec un chien, un berger allemand. Personne ne rentrait.
Mme Mon mari ils sont partis en exode.
M. Ah oui on est partis en exode.
Mme Aves les fermiers qui étaient un petit peu plus loin presque en face quoi, avec des voitures et puis des chevaux. Et ils sont allés dans l'Yonne. Ils ne sont pas partis longtemps hein.
M. Huit jours. On n'a pas vu hein.
Mme Non mais quand vous êtes rentrés, c'était tout juste la bagarre.
M. On a retrouvé un soldat qui a été tué. Il était dans la plaine.
Mme Et puis, c'est toujours pareil, il fallait gratter pour avoir de la nourriture. Parce que la ferme, c'est bien gentil la ferme, mais les bêtes, tout ça, il y en avait dans les prés, il fallait s'en occuper.
M. On est revenus, les vaches tout ça, ça gueulait parce qu'elles n'étaient pas traites. Alors on s'est mis à, ceux qui savaient, à tirer les vaches, tout ça, et puis on donnait du blé à tout le monde quoi, aux gens qui en voulaient.
Mme Et puis il avaient tué un animal pour donner à manger aux gens, parce que de la viande, il n'y en avait pas hein.
M. Un qui était boucher avait tué un veau. Il a tué un veau pour donner à manger aux gens qui étaient arrivés.
Mme Ma mère elle tenait l'épicerie de la rue. Mais on a eu les Allemands aussi. Le soir, il fallait souffler les lumières et puis camoufler.
M. Et puis à telle heure il ne fallait plus qu'il y ait personne dans les rues hein, sinon "pan pan". Ils ne rigolaient pas hein !
Mme Au Vaudreuil c'était pareil. Les Allemands venaient aussi bien dans le magasin s'ils avaient besoin de quelque chose, ils se servaient hein. Ils ne s'occupaient pas s'ils y avaient droit. Moi ça j'ai connu ça. Et il y avait un marchand de champagne que les Allemands connaissaient et ils venaient chercher du champagne chez lui. Et pendant la guerre il y a eu un avion anglais qui a été abattu au Vaudreuil, et les gens, pour récupérer les soldats (ils étaient morts), ils les ont enterrés dans un coin du Vaudreuil, sur les hauteurs du côté de la forêt. Et nous on allait sur la tombe des Anglais, qu'on voulait fleurir et tout, et un jour le monsieur du champagne est décédé, et on nous avait dit, moi j'étais encore tout jeune hein, que ceux qui avaient été à l'enterrement du marchand de champagne, ils seraient réprimandés par les Allemands, et qui allaient sur les tombes des Anglais. Mais on y allait, à bicyclette, pour que personne ne nous voie. Oh ben ça a été déterré ça, les corps ont dû être retransmis autre part, parce qu'après moi je n'ai plus entendu parler des tombes là-haut. Ils appelaient ça la Coulinière.

[29:53]
Les fermes disparues de Pinterville

Mme Il y avait beaucoup de petites fermes, qu'il n'y a plus. Il y avait une ferme derrière l'église. La maison a été vendue à des particuliers. Il y avait une ferme dans la petite rue de l'autre côté de l'église, deux fermes, côte à côte. Il y avait Portois, qui avait beaucoup de chevaux. Il faisait beaucoup les chevaux. Il avait la ferme aussi. Au château de Mademoiselle Rostand il y avait une ferme aussi. Ça n'existe plus. Maintenant c'est un haras. Et puis ici il y avait une ferme, une grande ferme. Il y en avait une sur la route de Pacy, et il y en avait une qui remonte au collège, maintenant, mais c'est sur Pinterville. Et il y en a une au château de Pierson. On dit le château mais c'est un parc. C'était des gens qui avaient de l'argent et qui ont placé ça dans un château. Ça a été la librairie Fayard qui a acheté le château là-haut.
M. C'est connu la librairie Fayard.
Mme Oh bah c'est connu la librairie Fayard. Ils avaient acheté ça. Et Madame Fayard venait en vacances ici, sur la colline. Quand vous repartez par la route de Pacy, à la sortie de Pinterville, vous avez une route qui monte et une route qui descend. Et bien la route qui monte, elle va au château.

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