Témoignage

Mme Michèle RATEL
artiste-peintre, Atelier galerie du bord de Seine à Poses

Vidéo


Afficher la vidéo en basse définition pour les connexions bas débit

Piste audio

Transcription

Cliquez ici pour afficher / masquer le texte

Michèle RATEL, artiste-peintre, Atelier galerie de bord de Seine à Poses
[00:40] Alors ici, c'est une ancienne boulangerie, j'ai acheté cette maison en 1990, mais dans un état de ruine. Toute la cour était bétonnée, il n'y avait pas une seule fleur et le bord de Seine, c'était les voitures qui se garaient, c'était un parking. Alors il a fallu changer les habitudes, et puis maintenant, on a l'impression que ça a toujours existé. Là, vous avez la petite cour, qui me sert de sujet, avec le jardin d'origine, mais le reste ça a été creusé pour pouvoir faire des fleurs. J'ai beaucoup de plantes vivaces et puis des rosiers anciens. Et puis je rajoute des annuelles dans la petite cour, pour faire que ce soit accueillant. [01:31] Alors là, vous arrivez dans les deux salles d'exposition. Je classe un peu par rapport au thème proposé, alors je change tous les trois mois de décor, je permute tous les tableaux et je rajoute des nouveautés. Alors j'ai mais à chaque tableau une petite carte pour indiquer l'endroit où ça a été peint, comme ça on peut savoir l'endroit qui a servi de modèle. Alors je peins beaucoup la Seine, parce que là j'ai une barque qui me permet d'accéder dans les îles. Alors les îles, personne n'y va, parce que les bateaux à moteur ne peuvent pas accéder, il n'y a pas beaucoup d'eau au bord des îles, et c'est resté dans un état très naturel. Alors ça, c'est superbe, parce qu'il y a des nénuphars sur les berges, et le niveau d'eau ici est toujours identique parce que le barrage régule. Alors il y a quelque chose aussi de particulier : on n'est pas sur l'eau ici, hein, la Seine est étanche. L'eau ne se répand pas dans les terres. Et là, on peut creuser, ce sont des nappes phréatiques qu'on arriverait à trouver, mais pas l'eau de la Seine. Les lacs sont constitués pour la baignade par les nappes phréatiques, ce n'est pas de l'eau d'infiltration de la Seine, c'est amélioré pour qu'on puisse s'y baigner. Parce que ici, on est une petite bande de terre par rapport à la Seine d'un côté et les lacs de l'autre, alors on pourrait penser qu'on est toujours sous l'eau. On a cette particularité, on n'est pas inondé, on n'a pas d'eau en humidité. Dans mes parcours en barque, je vais dans les îles où je trouve des plages de sable et de l'eau transparente. Ce n'est pas la Seine qu'on a l'habitude de voir, où vous avez toujours les quais, où l'eau n'est pas belle parce qu'on ne voit pas le fond. Alors que là, vous avez de l'eau transparente. Des petites plages de sable, sans vase, hein, c'est vraiment du sable. On a ces belles collines derrière, où il n'y a pas de constructions, c'est quand même resté dans un état naturel. Alors là, vous voyez, j'ai installé les nymphéas sur le bord de Seine parce que le fait que le niveau d'eau soit toujours identique, c'est assez exceptionnel, parce que vous n'aurez pas de nymphéas sur les autres parties de la Seine. C'est vraiment ce petit coin qui est privilégié. Je fais quelque chose qui n'est pas habituel en peinture, je fais l'eau transparente, vous voyez, on voit sous l'eau. J'apprécie les nénuphars, parce que la Seine fait rivière, et en même temps c'est la grandeur de la Seine. Il n'y a pas d'élagage, c'est vraiment la nature. Vous avez la carte ici : j'ai mis le point où on est, et toutes ces îles de Seine. On a beaucoup d'eau, puisque là, l'eau des lacs, et ici c'est la Seine qui a plus d'authenticité, parce que les lacs, c'est artificiel, quand même. [05:00] Là vous voyez, pour montrer un peu cette eau qui est magnifique avec le paysage, et là vous avez un premier plan supplémentaire, parce que vous avez le premier plan des nénuphars. Cela donne cet effet de perspective.La peinture de paysage n'est pas si évidente dans les couleurs, parce qu'on travaille dans le vert et c'est très difficile de rendre les verts naturels. [05:32] Je peins en extérieur, c'est une peinture que j'ai faite sur mon jardin devant la Seine. Quand je peins en extérieur, je ne peux y consacrer qu'une demi-journée. Ce n'est pas possible de continuer l'après-midi parce que la lumière est différente. Là vous avez un dessin que je fais à la peinture. Parce que si vous le faites au crayon, dès que vous passez la peinture, vous ne savez plus où vous en êtes. Et là ça montre la composition, ça dessine à quel niveau je vais mettre les collines, l'eau, les couleurs... J'ai déjà le sujet bien imposé, quoi. Après je peins ce qui va évoluer très vite, parce que quand on fait un paysage avec des brumes le matin, eh bien à midi ce sera un tableau différent, alors il faut gérer en fonction de la lumière qui va évoluer. Alors là, j'ai fait tout ce qui était lointain, avec les brumes, pour ne pas évoluer. Le premier plan est un peu plus stable, il ne va évoluer que par rapport aux ombres et à la lumière, alors j'ai déjà fait les tâches d'ombre, et à un moment je couvre ma peinture avec les couleurs, les claires, les foncées, et à un moment je m'arrête parce que la lumière a disparu, le paysage est complètement différent et il faut arrêter. Alors je peux finir en atelier, soit d'après photo, soit remplacer au même endroit. Parce que c'est très limité le temps passé sur place. [07:13] Vous avez le point de vue de la Côte des Deux-Amants : vous avez tout le panorama avec le village. Alors, il y a deux bras de Seine : un bras qui va vers les écluses, et l'autre bras qui va vers le barrage. Nous on est devant le bras qui va vers le barrage. Alors, il n'y a pas de trafic navigant ici. Il n'y en a jamais eu, puisque à partir du moment où les bateaux ont eu des moteur, ils sont passé par les écluses. [07:32] Je fais toutes les saisons, puisque là vous avez un paysage de neige, avec le soleil, moi j'aime bien. Je ne fais pas la Seine trop en contraste, hein, c'est assez en douceur, parce que moi je peins souvent le matin, et le matin il y a ces brumes atmosphériques particulières à La Seine. Je représente aussi les petites brumes du matin parce que ici, certains jours, il y a une différence de température entre l'eau et l'air, et ça fait fumer la Seine. Alors ce n'est que le matin que cela se produit et c'est superbe, ça fait très romantique, parce que l'eau est en fumée. [08:10] Le petit jardin m'a servi beaucoup pour la peinture, parce que c'est un premier plan, avec l'arrière-plan de la Seine. J'ai un bassin qui est inimitable, parce que la Seine n'a pas d'équivalent. Mais mon jardin est très connu, parce que j'ai pu le vendre en reproduction, j'ai des cartes postales, tout ça, si bien qu'avec Internet aussi, il y a même des gens de l'université de Santiago du Chili qui m'ont contactée parce qu'ils ont retrouvé une photo d'une peinture de mon jardin, et ils ont édité un livre d'une de leurs poétesses avec une de mes peintures en couverture, quand même ! [09:02] Quand je suis arrivée à Poses, il y avait plus de nénuphars dans les îles que maintenant. Et puis maintenant, il y a du jet-ski, les skis nautiques vont bien souvent dans les endroits où il y a les nénuphars et ça fait du gâchis, hein. Alors ça, c'est un peu dommage. Et puis il y a une île un peu en face le ski nautique, qui a été squattée par des gens qui ont cassé tout le naturel de cette île. Alors j'ai essayé de voir avec Natura 2000 mais ça ne bouge pas depuis des années. C'est un peu dommage que ces îles ne soient pas restées naturelles. Alors je continue à vendre la reproduction de cet endroit, qui n'existe plus parce que des personnes ont squatté cette île. Alors ça me fait mal au cœur ça... [09:58] Je vous montre un endroit qui était magnifique avec une petite plage, des végétaux en fleurs avec des fleurs sauvages. Et puis il y avait quelques nénuphars et puis l'eau transparente. Et maintenant, ils ont fait un ponton, et là ils ont mis des palettes, ils ont tout cassé. Ils ont fait deux parterres, et là c'est des palettes, c'est vraiment n'importe quoi... Et ils font des fêtes avec des sonos qui s'entendent d'en face. Il y a des gens du camping qui sont venus ici et qui m'ont dit qu'ils n'avaient pas dormi de la nuit parce qu'il y avait des gens qui faisaient du bruit. Vous vous rendez compte, les petits oiseaux... Natura 2000 les îles, alors j'ai un peu des doutes... Alors ces pontons ne doivent pas exister parce que c'est Voies Navigables de France qui donne les autorisations pour la construction de pontons. Et on doit payer des redevances. Mais ça, ce sont des pontons qu'ils n'ont pas lieu d'avoir. Et c'est ce qui donne accès à ces îles parce qu'ils abordent avec des bateaux à moteur. Ce n'est pas avec des kayak ou des petits bateaux. Ils amènent avec des gros bateaux des constructions, des palettes, et ils font leurs petites fêtes et ça c'est un peu dommage. [11:20] Il y a beaucoup de poissons que je vois en transparence. La Seine est poissonneuse, hein. Alors, il a été pêché un silure, c'est un énorme poisson que vous allez voir là, 1m90, 45kg quand même. Vous avez un cormoran, un héron, et vous allez voir un chevreuil qui traverse la Seine à la nage. Alors ça c'est un peu exceptionnel, hein, parce que je n'en vois pas tout le temps. On a des cygnes, des canards, forcément pas mal d'oiseaux qui sont là à demeure. Les cygnes, ils volent, hein, ce ne sont pas des cygnes qui sont en décoration : ils bougent, ils volent. Là, ce sont des oies bernaches, et là on a des petits canards tous les ans, avec des portées de petits canards, sur les nénuphars, voyez. Et puis là, j'ai une petite mésange qui a fait son nid dans le jardin. Elle fait des allers-retours avec ses petits vers, c'est tout à fait la nature. J'ai la barque avec moteur électrique et batterie, qui me permet d'aller dans les îles, et puis c'est une façon de voir la nature et d'approcher les berges.

Mots-clés et témoignages associés

En cliquant sur un mot-clé, vous lancez une recherche de celui-ci dans le recueil.

Communes
Amfreville-sous-les-Monts
Poses


Périodes
1980 à nos jours


Thématiques
Art, cinéma, littérature
Crues, inondations
Développement durable
Faune
Navigation
Ouvrages d'art


Voir aussi
Témoignage de M. Jean-Claude GIBERT, ancien conducteur des voies navigables aux Ponts et Chaussées de la navigation de la Seine (1957-1995), subdivision d'Amfreville - Poses

Retour  en haut