Témoignage

M. Philippe DAVIS
historien local, habitant de Saint-Pierre-du-Vauvray

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[00:12] Bonjour je suis Philippe DAVIS, je suis chercheur historique amateur et passionné d'histoire. Je suis un vulgarisateur et un enquêteur du passé, je n'ai pas la prétention de me substituer à un professionnel. Ma méthode de travail a été la suivante : je vivais à l'étranger à 5000km de la France et je me suis dit moi je suis passionné d'histoire il faut vraiment que je travaille, et en rentrant chez moi à Paris je me suis inscrit comme chercheur amateur à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris et j'ai eu de la chance c'était le début de la numérisation, ce qui fait qu'en étant chercheur amateur j'ai pu avoir les codes à l'époque pour pouvoir numériser tout ce qui est en train d'être numériser donc j'ai constitué une banque de données assez importante, et je me suis mis à lire, voilà... J'ai dû travailler un petit peu plus parce que pour pouvoir apprendre à synthétiser c'était assez complexe, donc j'ai suivi des cours d'histoire de l'art, j'ai fait deux années de sociologie, c'est ce qui m'a permis d'être un petit peu plus carré mais de ne jamais éditer, moi mon rôle c'est... les enquêtes du passé me passionnent, trouver quelque chose me passionne mais sans vouloir publier parce que ce n'est pas mon métier, c'est c'est ma passion. Voilà donc ma base de recherche, mais j'ai aussi fait partie d'un club qui faisait que même à 5000 km de distance je pouvais faire des survols et envoyer mes résultats de recherche sur des bâtiments qui étaient à vérifier ou pas sur des survols là véritablement aériens en avion, ce qui permettait de constituer des bases de recherche d'Histoire. Ma passion, c'est l'époque gallo-romaine sur la région de l'Eure, sur les terres du Vauvray, mais toute l'Histoire m'intéresse et actuellement je suis en train d'étudier la Révolution française dans l'Eure, ce qu'il s'est réellement passé, comment ça s'est passé... et voilà ma méthode de travail. C'est énormément de lecture, bien sûr accès aux archives. C'est 95% de lecture et puis 5% sur le terrain pour confirmer ces dires. J'ai fait des petites découvertes assez intéressantes, comme quoi parfois les enquêtes, on peut arriver à retrouver des choses. Par exemple, sur le territoire, ce qui m'a vraiment passionné sur comprendre les invasions vikings puisque puisque dans mon sang coule peut-être une partie de sang viking, dans notre métissage, j'ai eu la chance d'avoir une traduction parce qu'elle était latine, une traduction de ce qu'un moine disait en l'an 900 en voyant arriver ça devait être la deuxième ou troisième expédition, donc c'était un moines de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés à une époque où Paris était extrêmement petit. Il n'y avait que des terres partout, des marais, dans toute la périphérie. Il explique qu'il voit arriver un matin une flottille monstrueuse et il est impressionné par le nombre, il ne voit plus la Seine tellement il y a de voiles des drakkars. Et ce simple fait-là m'a fait dire mais s'ils viennent jusqu'à Paris, c'est qu'ils sont passés à Saint-Pierre-du-Vauvray, à Saint-Étienne, à Poses, etc. et c'est ce cheminement qui m'a intéressé, qui a fiat que je me suis plus intéressé à l'Histoire. J'ai eu aussi à lire toujours dans les recherches historiques, la lecture est évidemment prépondérante, j'ai eu un livre à lire qui s'appelle Balade pittoresque entre Paris et Rouen sur le fleuve de seine. Et ce livre est extrêmement précieux puisqu'il nous permet d'avoir un recensement de tout ce qui était types de bateaux, de bacs, d'accord, de comprendre un peu comment fonctionnaient les chemins de halage, combien de chevaux tiraient, qu'il n'y avait pas que ce système-là non plus, parce qu'il faut savoir qu'un fleuve, il a de sa source jusqu'à la mer un débit, mais quand il faut le remonter dans l'autre sens et qu'on n'a pas de moteur, il faut user de subterfuges ou en tout cas de grande intelligence mécanique. Donc les bateaux de halage étaient importants mais on avait aussi un système de chaînes qui permettaient de pouvoir remonter. Donc ce livre nous recense tout cela, il doit être bien précieux pour pouvoir bien comprendre la navigation fluviale du XIXe, XVIIIe, XVIIe siècles, parce que tout est dedans. Et ça nous permet aussi de voir la vision d'un individu qui arrive dans notre région, donc l'Eure démarre à peu près à Giverny, peut-être un tout petit peu avant parce qu'il y a un joli village dont j'ai oublié le nom, peu importe, de Giverny jusqu'à Rouen, et qui explique de droite et de gauche quel village il y avait, comment étaient un peu les individus, quoi. Alors un tout petit détail, c'est très drôle : à Herqueville, cet individu décrit les habitants comme apparemment des gens qui devaient être atteints de consanguinité parce qu'ils portaient tous le même nom, ils avaient tous la même tête. Enfin c'est un détail de l'histoire, mais à l'époque les villages étaient aussi fermés, on ne se mélangeait pas comme ça non plus. Donc voilà des petits détails mais ça permet de voir aussi le patrimoine historique parce que quand il décrit par exemple sur les hauteurs de la Roquette, qui est le petit village qui se trouve situé après Les Andelys, le château du chancelier Maupeou, c'est une chose qui a complètement disparu et personne ne sait à l'heure actuelle, sinon des érudits, qu'il y avait un château là, eh bien voilà comment la lecture put nous permettre de nous apporter cette connaissance-là. On est sûrement dans la seconde partie du XIXe, entre 1850 et 1870 à peu près. On est encore au tout début de l'ère industrielle, il y a pas de mécanique, il n'y a pas encore de péniche à moteur, il y a encore une vraie vie entre guillemets des gens qui se réveillent avec le soleil qui s'endorment avec le soleil, et l'industrie va apporter son lot de catastrophes. Nous allons parler de la Seine et des connaissances que j'ai par rapport à ce sujet.

[06:23]
Pont-de-l'Arche

Pont-de-l'Arche, c'est une ville évidemment où passe la Seine, qui était l'autoroute qui menait à Paris à l'époque puisque les chemins étaient véritablement des chemins, il y avait énormément de navigation sur ce fleuve et ça a drainé énormément de choses. Sur Pont-de-l'Arche, ce que l'on sait, il y a une histoire contemporaine des fortifications, etc. mais Pont-de-l'Arche appartenait plus à ce que l'on appelait à l'époque Pîtres, le Manoir, parce qu'il y avait un palis qui était le palais de Charles le Chauve. Et c'est Charles le Chauve qui avait fait édifier à Pont-de-l'Arche le premier pont d'arche pour freiner l'arrivée des premiers Vikings qui montaient soit dévaster les côtes aux alentours de Rouen et montaient sur Paris. Et c'est pour ça qu'il existe toujours et qu'on l'appelle maintenant Pont-de-l'Arche, qui est une jolie ville, fortifiée quand même, au-dessus de la Seine. C'est aussi l'endroit où se jette l'Eure, qui termine son cours et qui se jette une partie juste devant Pont-de-l'Arche et l'autre partie à 3 ou 4 lieues sur Martot. Il faut savoir qu'à l'époque, avant le XIXe siècle, la Seine avait un débit extrêmement lent, et était peu profonde. Le chenal a été creusé lorsqu'il y a eu des grandes navigations après parce que les barrages ont fait que la Seine est remontée d'1m50. Alors il y un détail intéressant : tout ce qui était en amont du barrage de Poses, Porte-Joie et Tournedos, sont toujours en guerre actuellement sur des possessions de chemins de halage, puisque l'endroit où on peut se promener actuellement sur les chemin du halage, on est bien prévenu qu'on est toléré de se promener sur ce chemin-là, mais qu'en fin de compte on est sur des propriétés vraiment. Pourquoi ? Parce que quand le barrage été construit, donc l'eau est remontée d'1m50, mais ces 1m50 ont fait qu'elles ont surmonté le chemin du halage présent, qui maintenant se retrouve sous l'eau. Et les propriétaires de Porte-Joie et Tournedos en sont bien conscients, donc il y a toujours une bagarre. Voilà ce que ça a pu occasionné, si ça a avantagé la navigation, importante, en tout cas il y a des problèmes par rapport à ces remontées d'eau sur les propriétés de ces jolis petits villages qui existent là. [09:08] Anecdote concernant Pont-de-l'Arche : Pont-de-l'Arche a une vie industrielle importante das la chaussure, puisqu'il existe encore une des dernières usines de chaussures française qui s'appelle Marco, Marcel Ouin, et qui existe toujours. Mais à l'époque, au XIXe siècle, à l'ère industrielle, il y avait environ trois usines de chaussures. Et l'origine de la création de ces chaussures, c'est qu'il y avait un bagne ou une prison dans l'île qui se trouve située juste devant Les Damps, le village des Damps, donc qui est juste apposé à Pont-de-l'Arche, et les bagnards, les prisonniers, quand ils étaient libérés, toute leur vie en prison on leur faisait faire des chaussons, on leur apprenait à faire des chaussons, et en sortant eh bien ils se sont mis à faire des chaussons et il y a des gens qui après on pris ce marché-là et ont créé les trois usines et c'est comme ça que s'est développé le côté industriel de la chaussure de Pont-de-l'Arche.

[10:04]
Les Damps

Sur Les Damps, alors ça c'est important, parce qu'on est quand même sur sur la Seine et la Seine, eh bien pensez qu'à un moment les Vikings, qui ont fait je crois entre 8 et 11 expédition sur Paris, passaient automatiquement à Pont-de-l'Arche (c'est pour cela qu'on a construit le pont), passaient aux Damps, et la toponymie des Damps nous permet de dire que "Les Damps", c'est "les dans", les Danois. Et quand on s'appelle Anquetil par exemple, on est sûr d'avoir des gens qui sont véritablement des Vikings, parce qu'en Normandie on est brassé, c'est ce qui fait notre richesse, entre le premier Néandertal et Homo Sapiens, les Gaulois, les Gallo-Romains, les Francs qui sont arrivés derrière... tout ça constitue notre patrimoine de la Normandie, de sang en tout cas.

[10:55]
Pîtres et la Côte des Deux-Amants

Ensuite lorsqu'on continue, eh bien on va arriver sur la partie Ouest de Pitre et juste devant cette magnifique Côte des Deux-Amants, dont on a raconté une bien jolie histoire mais qui pour être plus précis, on dirait que ce serait la côte des deux monts, puisqu'il y en a un qui part vers Lyons-la-Forêt et l'autre qui va partir sur Connelles. Grande histoire aussi importante : on a trouvé sur Pîtres donc, une fibule scandinave, donc d'une princesse scandinave. C'est la seule qu'on ait trouvée d'ailleurs dans tout le coin, en France comme en Allemagne, ce qui prouvait qu'il y avait une installation de Scandinaves. Alors, c'est assez logique à penser puisque pensez : s'il n'y avait pas le barrage de Poses à l'époque, il y avait des chenaux très très très bas, énormément d'îles, il devait y avoir une vingtaine d'îles devant Poses, ça devait être très difficile à passer, donc les Vikings avait établi, en dessous de l'église à environ 400 mètres à peu près, un camp viking, c'est là où on a trouvé cette tombe. Et je crois une partie d'armes, du mobilier scandinave, viking. Petite précision aussi, les Vikings qui sont venus chez nous en Normandie sont purement, essentiellement des des Danois. Pas de Norvégiens. Des Saxons, d'accord, pensez que les Vikings avant d'arriver et d'envahir toute entrée de fleuve sur le territoire de la France, avaient déjà conquis une bonne partie de l'Angleterre et il y avait donc déjà des Vikings qui s'étaient mélangés avec des Saxons, et il y a eu en plus sur la partie de cet envahissement des Saxons avec eux, puisqu'on a retrouvé deux tombes saxonnes sur Muids. C'est vraiment une anecdote parce que c'est extrêmement rare de pouvoir voir ça. Donc il y avait ce camp de Vikings et en passant après, ils remontaient sur Paris et allaient dévaster. [13:04] Et puis c'est l'endroit aussi où on a l'Andelle, qui est un des fleuves qui vient se jeter dans la Seine, qui avait un rôle assez important aussi puisqu'on descendait, on coupait de la forêt de Lyons-la-Forêt qui s'appelait la forêt de Saint-Denis à l'époque, on coupait des arbres, ils descendaient le long de l'Andelle et on le remontait via des bacs et la batellerie de l'époque sur Paris parce que ça constituait du bois de chauffage. Donc il y a eu un port, un tout petit port, le port de Poses mais qui se trouvait sur Pîtres. Et l'Andelle a aussi été tronquée parce qu'il y a une petite zone industrielle avec une entreprise qui s'appelle la Sabla, et lors de l'extension ils ont détourné le cours de l'Andelle, mais on s'en aperçoit toujours par les cartes géographiques et sur les vues aériennes, qu'il y a vraiment un endroit... On y a construit des maisons donc sur ces parties de et ancien débouché, et actuellement c'est une zone qui est absolument interdite puisque je pense que le sol n'était pas abaissé et il y a trois maisons qui se trouvent situées dans une situation assez complexe, qui ont été vidées d'ailleurs de leurs habitants. Voilà en ce qui concerne ce petit carrefour extrêmement important, fluvial qui est donc Pîtres - Poses, où il y a une vie importante. [14:22] Il faut savoir que sur Pîtres par exemple, c'est le seul village de notre région où on a trouvé un théâtre romain qui est présent, on a les plans, on a tout ça, des thermes romains, une nécropole assez importante, et tout ça vivait évidemment avec le fleuve et c'est assez précieux cette histoire de Pîtres.

[14:43]
Amfreville-sous-les-Monts

Ensuite on va remonter la Seine, sur la partie droite donc on a Poses, qui est devenu vraiment un endroit de mariniers parce que c'est un village qui s'est constitué pratiquement à 60-70% de petits paysans et surtout de mariniers. Et on va remonter vers Le Mesnil de Poses, on va partir sur Paris, de l'autre côté on a Amfreville-sous-les-Monts, qui est un endroit intéressant puisque on y a trouvé dans un des anciens bras de la Seine, un casque qui est au musée de Saint-Germain-en-Laye, qui est un casque celte magnifique, avec des arabesques en triskel, un revêtement sur le bronze en or, quelque chose de très très beau, il est au musée de Saint-Germain-en-Laye et c'est là qu'on l'a trouvé. Ce qui veut dire qu'il y avait une occupation importante de cette époque-là, des Celtes, aussi, donc de nos tribus. Les tribus de ce côté-là de la Seine s'appelaient les Aulerques Éburovices, nous étions une des plus groses tribus de la nation gauloise, puisqu'on avait les Aulerques Éburovices d'Évreux, les Aulerques Cénomans du Mans, les Aulerques Diablintes, et c'était une tribu assez importante, à une époque où on a recensé qu'il y avait à peu près 15 millions d'habitants sur la Gaule actuelle. Grosse grosse tribu, qui envoie Alésia 2 à 3000 soldats jusqu'à la défaite, et l'ouverture de ce que vont faire les Gallo-Romains en termes de construction, d'hygiène, de routes bien sûr. Ils ont ouvrir des routes commerciales, ça va changer complètement l'alimentation de nos Gaulois qui vivaient beaucoup plus sainement avant l'arrivée des Gallo-Romains puisqu'ils mangeaient des fèves, du pain, du blé, etc. et les Romains ont apporté quelque chose qu'on ne connaissait pas ici : la cuisson en friture. Puisqu'ils ont apporté l'huile. Et le vin. Alors que nos ancêtres Celtes consommaient de la bière, des choses assez fermentées, mais le vin est arrivé et les échanges ont été assez importants. Et ça on le sait parce qu'on sait maintenant identifier les amphores. On retrouve toujours des morceaux d'amphores, on sait même où elles ont été fabriquées, et donc les lignes de commerce qu'il pouvait y avoir entre Rome et Paris. La "Route de César" en Normandie, elle part de Paris, elle passe par Pontoise, le Tilly-en-Vexin, Fleury-sur-Andelle et elle remonte sur Rouen, et après tout ce qu'on appelle les Routes chevelues, qui vont aller de droite et gauche et qui vont alimenter, [17:30] et personnellement j'ai dû référencer à peu près 17 ou 18 emplacements de villas gallo-romaines quand même sur notre lieu, qui étaient tous de grosses villas fermières. Pas des villas de cités mais des villas fermières. Elles sont recensées, il y en a beaucoup. Dans tout le territoire dont je vous parle, ça peut être entre Saint-Pierre-du-Vauvray Saint-Étienne-du-Vauvray, Le Vaudreuil, le Val-de-Reuil, Léry, Pîtres, Romilly-sur-Andelle... Pour comprendre un petit peu, il y avait une ferme à peu prés tous les 13km, on dit en gros tous les 15km à peu près. Pour comprendre un peu cette vie gallo-romaine importante. Alors à l'époque on avait la possibilité de faire des survols aériens. Donc on prend Google Earth ou un moteur de recherche, on se met à une certaine hauteur, et on visite par le ciel les transformations qu'il peut y avoir sur le sol. Alors voilà ce qu'on peut trouver, comment on peut définir une villa gallo-romaine : elle était construite avec des fondations en silex, qui fait un changement minéralogique dans la terre puisqu'on a terre et silex. Et ça, ça va rester pendant très très longtemps. Et lorsqu'il y a des sécheresses, c'est là où on s'aperçoit le plus, on s'aperçoit par exemple dans les plantations de blé, dans les plantations de maïs, qu'à cet endroit-là le maïs est beaucoup plus bas ou que le blé est beaucoup plus bas. Donc on sait qu'on a une base de substructions qui forment des rectangles, des carrés, des fanums, etc. Et pareil pour les clôtures : on sait les différencier, on aperçoit un rond vert, ou un angle carré vert... et ça ça représentait une clôture, à l'époque on n'allait pas des barbelés, donc on faisait une tranchée, un relevé de terre, et le fait de l'avoir fait il y a 2000 ans, encore aujourd'hui, même chose que tout à l'heure, quand on fait pousser du blé ou du maïs dessus, contrairement à tout à l'heure il est beaucoup plus haut et donc on sait qu'on a des traces ici. Et donc on peut apercevoir des théâtres, on peut percevoir des fanums, des villas de rustica, il y a une pluralité... Mais maintenant on ne peut plus les voir parce que c'est filtré. C'est comme ça que je me suis amusé, quand j'ai commencé à les recenser il y en avait partout.

[19:57]
Toponymes, moulins

Alors, tout de suite après Amfreville-sous-les-Monts, qui porte bien son nom, on va trouver d'autres petits villages : Connelles, Herqueville, et entre deux on va passer Vatteport, qui est un endroit qui se trouve situé juste en dessous de la ville de Vatteville et qui aurait une signification assez drôle, c'est "Vatteport", c'est le "port dévatsé", et "Vatteville" c'est la "ville dévastée". Alors dès qu'on trouve en fin de compte un nom qui termine par ville, on pourrait considérer que c'est de l'époque gallo-romaine puisque ça pourrait vouloir dire la villa, où le territoire agricole de la personne qui était citée devant, dont le nom est déformé. Donc ça peut être un Gaulois mais ça peut être aussi un vétéran viking, souvent ça vient de quelqu'un à qui on a donné des terres. Donc d'un côté pour terminer on a Vatteport qui était un petit endroit qui signifiait donc qu'il y avait un port. Alors un port, ce n'est pas le port du Havre, c'est des endroits où il y a un quai d'accotement, où vous pouvez charger des productions locales, céréalières, bois, etc. [21:22] Ensuite on va continuer sur Herqueville. Donc c'est pareil, "Herqueville", c'est la villa d'Herqueux ou d'Hercuis, qui était un personnage plutôt viking là que romain. Et et on va continuer après de l'autre côté sur Porte-Joie, très joli nom aussi : le port de la joie. On pourra dire ça, je ne sais pas si c'est exactement la précision. On a aussi Tournedos, ce sont des noms on va dire de l'époque médiévale. Ce qui pourrait signifier, enfin il y a toute une histoire, c'est une femme qui s'est mariée avec un seigneur, et la première nuit, pour affirmer son autorité, qu'elle ne serait pas l'inférieure de ce seigneur, elle lui a tourné le dos. Voilà la légende, en tout cas elle est jolie, et elle reste : voilà Tournedos existe toujours. Ce sont de jolis petits villages qui sont accrochés à la Seine. Et c'est assez magnifique de s'y promener l'été, il faut quand même le dire. [22:17] À partir d'Herqueville jusqu'à Saint-Pierre-du-Vauvray il y a deux magnifiques moulins, le moulin de Connelles et le moulin d'Andé, qui sont des endroits où où évidemment on s'est servi de la force hydraulique pour pouvoir faire tourner, et pas forcément pour moudre du blé hein, par exemple un détail de l’Histoire, sur Montmartre on avait énormément de moulins mais c'était des moulins qui servait à broyer du calcaire pour faire du plâtre et non pas que de travailler pour broyer du blé. Et on a perdu un peu les finalités de ce qu'on pouvait faire dedans, parce qu'il reste ces magnifiques monuments qui enjambent une partie de petits bras morts de la Seine, mais on n'y a pas fait toujours que du blé, on pouvait broyer certainement autre chose. Ça, c'est les deux monuments qui vont rester pratiquement les plus anciens de cette petite partie-là.

[23:10]
Saint-Pierre-du-Vauvray

On va continuer après sur Saint-Pierre-du-Vauvray. Alors Saint-Pierre-du-Vauvray, c'est un endroit, un joli endroit où il y a maintenant un pont. Pensez qu'à l'époque où il y avait pas de pont, il y avait donc aussi des bacs qui pouvaient passer, donc Saint-Pierre-du-Vauvray avait un bac. Alors le premier bac c'était à Saint-Pierre-du-Vauvray, le second bac était un petit peu plus loin à environ une dizaine de lieues. Il était à Venables. Voilà les endroits où on pouvait passer, traverser la Seine, exercer des actes de commerce entre les deux rives. Quoi dire de Saint-Pierre-du-Vauvray ? C'est une ville qui a marqué son temps au XIIe siècle parce qu'il y avait donc cette citadelle, cette petite bastille, mais qui avait un rôle extrêmement important puisque en fin de compte en 1196 il y a eu des événements entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion pour des territoires du duché de Normandie, les territoires du roi de France, et l'endroit de Saint-Pierre-du-Vauvray avec cette citadelle permettait de voir la totalité de la boucle de la Seine et donc de pouvoir prévenir ou attaquer quand il y avait des convois anglais ou des convois royaux, tout dépend de quel côté on pouvait se trouver situé. [24:31] Alors Saint-Pierre-du-Vauvray, concernant ses ponts, un premier pont est établi au XIXe siècle qu'on va appeler pont Napoléon III, d'ailleurs il y avait les armoiries sur un des pilastres, et qui est tombé parce que en 1913 un convoi de chalands fluvial a accroché une des piles du pont et le pont s'est écroulé. Voilà c'est l'histoire du premier pont. Ensuite on a commencé à construire à partir de 1926 je crois l'autre pont, qui est le pont à arche que l'on a connu et qui a aussi subi des dégâts pendant la guerre puisque les Allemands ou peut-être les Anglais l'ont fait exploser pour retarder l'arrivée des Allemands ou la fuite des Allemands. C'est l'histoire de ces ponts. Alors Saint-Pierre-du-Vauvray, c'était aussi très intéressant dans les collines, parce qu'au Moyen Âge on cultivait sur la totalité des collines, donc ça allait de Saint-Pierre-du-Vauvray jusqu'à Vernon, Rolleboise, enfin dans la région parisienne... Tous les coteaux était remplis de vigne. On y produisait une piquette qui était assez épouvantable, décrite en tout cas par les gens de l'époque, et qui a été lors d'un concours absolument refusée, tellement la piquette était mauvaise. Et on y a planté après des pommiers. Alors il faut savoir que les terres du Vauvray sont des terres assez pauvres, on est à l'extrémité du plateau de Madrie, donc c'est un sous-sol qui est très crayeux, donc des productions en nombre de quintaux qui étaient assez basses, mais malheureusement maintenant les produits phytosanitaires font qu'on peut passer des rapports de 8 quintaux à l'hectare à 40 quintaux. Mais les terres ne sont pas... "Vauvray" vient "Veuber" qui veut dire "terre inculte". Donc des terres de petite production. [26:39] Un petit détail concernant les vignes au-dessus de Saint-Pierre-du-Vauvray : dans mon enfance, donc dans les années 1960-1970, c'est en parcourant les collines, trouver, répertorier des anciens sarments de vigne qui étaient vraiment extrêmement anciens et qui maintenant ont certainement tous disparu. Et qui étaient donc la preuve de cette culture des vignes dans les dans les collines de Saint-Pierre-du-Vauvray. Donc la richesse de Saint-Pierre-du-Vauvray pouvait être un peu sur les vignes, un peu sur la culture, mais surtout sur ce qui se passe au niveau du fleuve puisqu'on y installait des pêcheries, avec un système de pêche qui s'est perdu maintenant, qu'on appelle des gords, qui sont des nasses, qu'on pouvait installer sur des piles de pont, pour avoir une production de pêche importante et une nourriture pour les locaux. De la fin du Moyen Âge mais jusqu'au XVIIIe siècle on utilisait les gords, ces pêcheries il y en a de nombreuses, il y en a une encore assez bien conservée qui est de l'autre côté de la Seine sur Muids. Et on voit vraiment, et qui était déjà viking de l'époque. C'est un endroit où on pouvait même élever des poissons : on refermait, on les faisait passer, on les enfermait dans une espèce de sas, et on avait une production importante de poisson. Et il faut se rappeler qu'à l'époque il n'y avait aucune pollution, donc les fleuves étaient poissonneux.

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Témoignage de M. Philippe FAJON, archéologue au Service régional d'archéologie, Direction régionale des affaires culturelles de Normandie

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