Témoignage

Mme Nicole GRILLIÉ
habitante de Pont-de-l'Arche

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[00:12] Je m'appelle Nicole GRILLIÉ, je vis à Pont-de-l'Arche depuis l'âge de 2 ans. Mon père y est né, il y a passé toute sa vie. Dans la vie active j'étais analyste-programmeur, pour être plus exacte. Ce n'est pas facile d'expliquer la vie que l'on menait autrefois parce que quand nous étions enfant il y avait quand même des normes de sécurité donc on ne nous laissait pas aller trop sur les berges de l'Eure, mais pour ce que je me rappelle de cette époque-là c'est que comme mon père était un grand pêcheur, à la ligne bien entendu, nous y allions souvent en pique-nique avec les parents et puis c'était des hourras quand papa attrapait un gardon, ou une ablette ou autre chose. Et puis le soir c'était la petite friture quoi, c'était sympa. Je crois qu'il y a beaucoup de familles ici qui ont eu des parents pêcheurs. Il y en a encore aujourd'hui, moins peut-être qu'autrefois mais, il y a encore beaucoup de pêcheurs hein. Bon les berges sont un peu plus en orties qu'à une époque. Il n'y avait pas ni la halle, ni le camping donc la vue était complètement différente.

[01:22]
Les inondations

J'ai connu en effet des inondations à une époque. La plus récente c'était l'année dernière, mais quand j'étais enfant il neigeait un peu plus qu'aujourd'hui et donc on voyait aussi l'Eure ou la Seine grossir, mais des inondations je n'en ai pas connu vraiment beaucoup beaucoup, pas comme celle de l'année dernière. Bon... l'Eure montait, inondait un peu les rives, mais c'était surtout aux Damps que la route était recouverte, mais le quai Foch ou le quai de Verdun restaient secs, je ne les ai jamais vus humides comme on dit. Il y a d'autres, bon moi je n'ai pas connu, genres d'inondations comme un 1910 évidemment, mais c'est vrai qu'on a eu des inondations. L'île par exemple était recouverte. L'île elle s'est formée je dirais au fur et à mesure des années quoi parce qu'elle est devenue plus large qu'elle n'était. Je pense que la rivière devait ramener de la terre ou voilà et puis on en a pris peut-être plus soin qu'à une certaine époque avant que le pont ne soit construit par exemple.

[02:33]
Les îles et le déversoir

Voilà l'écluse, enfin ce qu'il en reste puisqu'elle n'a plus été utilisée depuis des années. Je pense qu'elle devait permettre de réguler l'Eure et la Seine. On l'a beaucoup utilisée quand nous étions enfants parce que ça nous permettait d'aller jusqu'au bout de l'île puis ensuite de prendre le déversoir pour aller de l'autre côté dans l'île d'Harcourt. Donc c'est devenu très dangereux et je pense que c'est pour ça qu'on l'a enlevée parce que bon. Les pêcheurs ont toujours pris cette passerelle, mais au bout d'un moment il faut quand même être prudent quoi. Donc c'était un endroit où on aimait bien venir. Ce n'était pas aussi arboré, mais il y avait le côté ludique de traverser et tout, de faire connaissance avec le danger. [03:27] Voilà un autre endroit que j'aimais beaucoup étant enfant. On ne voit pas très bien mais là où l'eau coule, il y avait une petite plage à marée basse qui nous permettait de nous baigner parce qu'à cette époque-là on pouvait encore se baigner dans la Seine, elle n'était pas polluée comme aujourd'hui, elle avait l'air assez claire. Et un jour, nous étions là avec des amis, on regarde une péniche passer, une belle péniche déjà, et puis on voit l'eau s'en aller, mais on n'a pas réagi que l'eau qui s'en allait, allait revenir plus rapidement qu'elle ne partait. Donc évidemment les serviettes étaient trempées, nos transistors, les pieds pour nous c'était un moindre mal, mais on est parti très vite et on a eu une belle peur. [04:11] Alors nous arrivons à un endroit fabuleux : le déversoir. Voilà, un endroit pour moi qui reste magique. Quand on regarde la morphologie, on s'aperçoit qu'à l'origine, c'était rond. Donc il y a des escaliers des deux côtés du déversoir, les gens pouvaient passer à marée basse. Ça a été détruit parce que je pense que ça empêchait l'eau de l'Eure de s'évacuer dans la Seine. Mais moi je l'ai connu donc arrondi, et on pouvait passer les pieds au sec. Et puis après, bon il fallait prévoir ou les bottes, ou les chaussures, les fameuses chaussures plastiques pour empêcher d'avoir mal aux pieds. Donc c'est un endroit où on venait jouer. Ce n'était pas vraiment dangereux, enfin c'est ce qu'on pensait à l'époque mais bon quand on regarde aujourd'hui on se dit oui c'était dangereux. [05:32] Elle n'est plus aussi propre qu'autrefois parce qu'autrefois on pouvait se baigner. Mon père m'a appris les premiers balbutiements de la natation, mais j'aurais eu cette eau là je ne sais pas si je me serais baignée. On a eu cette chance de pouvoir se baigner encore dans une rivière parce que ça devient de plus en plus rare. Il n'y a plus beaucoup de rivières en France où on peut se baigner. Il y a l'Allier par exemple, c'est un endroit que je connais bien donc on peut encore se baigner, l'eau est claire, mais ici il faut dire que ce n'est pas tentant du tout. Mais c'est pareil, on ne venait pas seuls, les normes de sécurité n'étaient pas aussi draconiennes qu'aujourd'hui mais malgré tout les parents ne nous laissaient pas y aller tout seuls. Donc je venais ici, toujours avec mon papa pêcheur, donc voilà parce que j'aimais bien la pêche aussi moi. Et puis de lancer aussi des pavés dans l'eau pour faire des ricochets. Il n'y avait pas que mes parents, je dirais qu'il n'y avait pas beaucoup de distractions sur Pont-de-l'Arche, une petite ville de 1500 habitants, c'est assez limité donc, il n'y avait pas d'associations comme aujourd'hui, il n'y avait pas de stades, etc., donc ça faisait partie des petits plaisirs de la semaine pendant les vacances ou le dimanche en famille voilà. On pique-niquait et, bon ce n'était pas la foule non plus hein, chacun ayant son secteur, donc mais c'était quand même très agréable. Moi j'en garde des bons souvenirs. [07:10] Dans l'Eure j'ai navigué un tout petit peu. Déjà il y avait la barque de mon père. On était autorisés à monter, mais bon pas trop parce que comme je ne savais pas nager, j'avais peur un petit peu. Mais il y avait aussi la péniche en ciment des Damps où on venait quand on était adolescents parce qu'ils louaient des barques pour se promener sur l'Eure. C'était aussi une distraction simple qui n'était pas onéreuse et qui nous faisait bien rire. On restait toujours dans le secteur. Les mobilités, on n'avait pas tous des mobylettes, on n'avait pas tous des Solex. On avait tous des vélos quand même mais bon, c'est vrai que c'était moins dangereux qu'aujourd'hui parce qu'il y avait dix fois moins de circulation. On pouvait aller en forêt en vélo, on pouvait aller sur les berges de l'Eure en vélo. Mais on ne s'éloignait jamais vraiment de Pont-de-l'Arche. [08:06] Un autre petit plaisir, parce que bon, papa pêchait, c'est bien bon, on n'attrapait pas un poisson toutes les cinq minutes, donc les enfants on avait besoin de se dégourdir les jambes, donc avec mon frère c'était le plaisir de chercher des coquillages qui étaient enrobés de calcaire ou de chercher quelques fois des objets qui étaient ramenés par les vagues, les choses comme ça. Donc quand on trouvait ne serait-ce qu'un coquillage c'était la fête quoi.

[08:35]
L'inauguration du pont

L'inauguration du pont de Pont-de-l'Arche : un grand événement pour une enfant qui est encore à l'école primaire. Donc il y avait mon amie Annick, qui a eu l'honneur de porter le coussin où il y avait les ciseaux. Elle était fière avec son coussin, parce qu'elle avait été désignée. Et nous, les petits élèves c'était comme pour le monument aux morts, en rang d'oignon à regarder ce qu'il se passait. On en garde un souvenir parce que ça a été vraiment l'événement de notre enfance. Mais j'ai quand même connu l'autre pont. Je montais sur le vélo de mon père, on avait des oncles et des tantes à Igoville, et on traversait de l'autre côté, le pendant du pont d'Arromanches qui reste encore aujourd'hui. Nous étions très fiers aussi de la présence de Monsieur Pierre Mendès-France, qui avait une aura très importante dans le secteur, qui était très près des gens, et puis c'était quand même la personnalité. Tous les gens qui ont assisté à cette inauguration, c'était vraiment un événement fabuleux.

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