Témoignage

Mme Jacqueline NALET
habitante de Pont-de-l'Arche

Vidéo


Afficher la vidéo en basse définition pour les connexions bas débit

Piste audio

Transcription

Cliquez ici pour afficher / masquer le texte

[00:12] Moi je m'appelle Jacqueline NALET, j'habite Pont-de-l'Arche depuis 1961, où j'ai fait toute ma carrière d'enseignante. Je suis une passionnée de l'histoire locale donc je me suis intéressée au patrimoine de Pont-de-l'Arche et j'ai pas mal fouillé dans les bibliothèques et aussi dans les Archives, et puis depuis environ sept ans à peu près, j'ai participé à des expositions lors du Patrimoine : exposition sur la chaussure, sur l'église de Pont-de-l'Arche lors des 400 ans de l'orgue, aussi lorsque la ville a rénové le four à pain, nous avons fait une exposition "Du blé au pain", et puis on a aussi fait une exposition sur les personnalités de Pont-de-l'Arche. Alors les célèbres et les moins célèbres comme par exemple tous les gens qui ont participé à l'évolution de la chaussure à Pont-de-l'Arche depuis 200 ans.

[01:29]
Les ponts de Pont-de-l'Arche

À propos des ponts de Pont-de-l'Arche, le premier pont a été construit par Charles le Chauve en 864, déjà à l'époque, Charles le Chauve était établi à Pîtres dans son palais, alors que Pont-de-l'Arche n'existait pas. Il existe une légende à propos du pont, je vais reprendre la légende qui est extraite du livre que Monsieur Fache avait écrit sur les ponts de Pont-de-l'Arche : "Un paysan de la région nommé Tribordas, se faisant passer pour un bon architecte, se vit confier les travaux. Des difficultés dues au fort courant du fleuve rendirent les travaux impossibles et le malheureux entrepreneur, se trouvant mal à l'aise, crut un moment être forcé de renoncer. C'était alors pour lui le discrédit, le déshonneur, et notre homme, orgueilleux au possible, ne l'accepta pas. Il eût l'idée d'invoquer le diable, lui promettant monts et merveilles si ce dernier consentait à lui apporter l'aide nécessaire à sa réussite. Satan, ayant entendu la requête suppliante de Tribordas, se laissa convaincre à une condition : "Je t'aiderai Tribordas, dit Satan, et dans quelques jours, ton pont sera terminé, mais je veux que le premier être vivant qui aura passé le pont soit à moi, corps et âme". Tribordas se trouvant alors devant les portes de l'enfer, étouffant de chaleur et mourant de peur, accepta plus ou moins consciemment le marché. Revenu dans son taudis, notre architecte resta quelques peu perplexe quant à l'issue du compromis avec Satan : "Et si c'était moi se dit-il, ou un des miens, ou un ami qui passait le premier sur le pont ?". C'est alors qu'une idée germa dans son cerveau. Plus malin que le Malin lui-même, il ne restait qu'une arche à terminer lorsque Tribordas força un chat, certains disent un âne, à traverser la Seine par le pont. C'est ainsi que l'arche du diable fut abandonnée". [03:38] Les deux premiers ponts de Pont-de-l'Arche ont servi de support à des moulins. Alors quand on parle des deux premiers ponts, il s'agit du pont édifié par Charles le Chauve, et ensuite celui construit sous Philippe Auguste lorsqu'il a refait la conquête de la Normandie. On a des éléments pour préciser cette chose c'est que, pour le premier pont, il existe deux chartes, qui mentionnent ces moulins. Quant au pont construit sous Philippe-Auguste, alors à partir de ce moment-là, on a beaucoup de plus de textes et on a aussi des gravures, des dessins. Alors il s'agissait de moulins essentiellement à blé, mais aussi des moulins à huile, alors huile de noix et huile de pavot. Mais, on peut signaler aussi que sous Louis XIV, l'un des moulins a servi à frapper de la monnaie. On a retrouvé des liards datés de 1656. Alors ces trois moulins portaient des noms : si on prend le moulin - il y avait trois moulins - si on prend celui qui était le plus près de la rive droite, alors il s'est appelé le Moulin de Saint-Ouen, parce qu'il a appartenu à l'abbaye de Saint-Ouen de Rouen, mais on l'appelait aussi le Moulin du Château parce qu'il était à proximité du château qu'on appelait le Fort de Limaie. Alors celui qui était le plus près de la rive gauche, on l'appelait le Moulin de Rouville parce qu'il a été acquis par le seigneur de Rouville, on l'appelait aussi le Moulin de la Ville, le Moulin des Danois et le Moulin des Dames, pour quelle raison ? Ça... Alors le moulin situé au centre s'appelait le Moulin de Parmi, qu'on écrivait « Parmi » ou « Parmy », et le Moulin de Matignon en référence à un propriétaire. En 1838, trois propriétaires de moulins à blé protestent contre les entrepreneurs de bateaux à vapeur qui décident de faire creuser le lit du fleuve afin d'éviter le passage par l'écluse, ce qui prend du temps, et donc de passer directement sous les arches du pont. Alors bien sûr les propriétaires des moulins sont contre, mais ce sont les entrepreneurs de bateaux qui ont raison et le projet est réalisé. Seulement, le 12 juillet 1856, lors d'une forte crue, et bien le pont s'est écroulé à l'endroit où on a creusé le lit pour améliorer le passage. [06:28] Alors j'ai apporté une pièce qui date de l'époque de Louis XIV et qui a été frappée à Pont-de-l'Arche en 1656, et ce qui est intéressant c'est qu'elle a été frappée dans l'un des moulins qui était sur le pont de Pont-de-l'Arche. Quel moulin, ça on n'en a pas l'explication. Alors on reconnaîtrait ces liards grâce au point qui serait sur le "i" de liard.

[07:11]
Halage et ponts

Alors ce document concerne un voyage qui a été effectué en 1796 par un bateau, qui s'appelle le Saumon, sur la Seine, et qui a fait le trajet du Havre jusqu'à Paris. Alors ce voyage a été demandé par le Ministre de la Marine de l'époque afin d'améliorer la circulation sur la Seine, et de de prévoir éventuellement des canaux pour couper tous les méandres. Le voyage s'est fait en deux parties : du Havre à Rouen d'une part, et ensuite Rouen - Paris. La partie qui nous intéresse, c'est essentiellement le passage de Pont-de-l'Arche. Alors c'est assez intéressant parce qu'on a dans l'église un vitrail qui montre le halage des bateaux fait par les habitants de Pont-de-l'Arche. Je vais vous lire ce que le rapport donne à propos justement du passage de Pont-de-l'Arche : "Dans son rapport, Forfait s'insurge contre ces façons de passer les ponts. Au Pont-de-l'Arche, tout est préjugé. On doutait que nous passions avec 16 chevaux sans le secours d'un grand nombre d'hommes, ainsi que c'est l'usage. Le maître du pont a trois brigades d'ouvriers sous ses ordres, des compagnons, des farigouliers. Ces hommes restant attachés à quelques amarres, leur fonction sont nulles pour les navires comme le Saumon. On ne fait rien au passage de ces ponts qu'avec des chevaux. Ce sont des chevaux qui halent le trait sous le pont. Ce sont des chevaux qui remontent le bateau, les hommes ne font rien. Cependant, les hommes, femmes et enfant ont la prétention d'être employés à tous les passages de la ville Après le passage du pont de Vernon, au cours de la sixième journée, Forfait confirme ses observations. Nous reconnaissons de plus en plus que les manœuvres des ponts sont dirigés par l'habitude et le préjugé. Ils ne font rien qu'avec des chevaux dont le mouvement ne pouvant être simultané occasionne nécessairement des secousses qui causent des accidents de toute espèce. Les gens du pont manœuvrent avec une lenteur rebutante. Nous ne pouvons nous empêcher de nous plaindre du temps infiniment précieux qu'on perd au passage de tous les ponts. Malgré les préparatifs qu'exige la manœuvre d'abattre le mât, nous sommes toujours prêts longtemps avant le maître du pont. Cela tient à plusieurs causes : la grande habitude que ces citoyens ont de faire un pareil travail leur donne de l'insouciance. La plupart des mariniers ont affaire à ou à boire dans les villes, et ne voient pas d'un mauvais œil le retardement qu'ils éprouvent au pont". Ce texte prouve qu'en fait, l'aide des gens n'est pas tout à fait au point et ce sont surtout les chevaux qui font le travail, contrairement à ce que représente le vitrail de Pont-de-l'Arche.

[10:49]
Le retour des cendres de Napoléon

Là nous avons un document qui concerne le passage du retour des cendres de Napoléon en 1840. Les cendres, le cercueil est sur un bateau la Dorade III, et ce bateau doit passer par une écluse à Pont-de-l'Arche. Cette écluse fut commandée le 8 Brumaire de l'An XI (30 octobre 1802) par Napoléon qui était alors Premier Consul. Et le 1er juin 1810, l'empereur accompagné de l'impératrice Joséphine et de Jérôme, roi de Westphalie, et des Maréchaux de l'Empire, s'arrêta pour visiter les travaux de l'écluse. L'écluse a été inaugurée le 14 août 1813. En 1856, elle est désaffectée, et elle est supprimée en 1910. Le préfet, la préfecture des Andelys a envoyé un courrier aux maires des communes pour que la population soit mobilisée pour être là sur le passage des cendres. Le maire de Pont-de-l'Arche a pris un arrêté. Alors cet arrêté bien sûr, il est dans les archives de Pont-de-l'Arche, et j'ai retrouvé cette arrêté parce que la commune de Pont-de-l'Arche m'a demandé de faire ces recherches parce qu'on a commémoré le 150e anniversaire du retour des cendres de Napoléon, donc si les communes avaient des documents il fallait leur fournir. J'ai retrouvé ça dans les archives de Pont-de-l'Arche. "Aujourd'hui, 9 décembre 1840, nous maire de la ville de Pont-de-l'Arche, en vertu et par suite de l'aide de Monsieur le sous-préfet de l'arrondissement de Louviers annonçant le passage du convoi portant les restes mortels de l'empereur Napoléon par l'écluse de Pont-de-l'Arche, dans la journée du jeudi 10 de ce mois, dans le but que des honneurs convenables soient rendus à la dépouille mortelle de celui qui a tant fait pour la gloire et la prospérité de la France. Arrêtons ce qui suit : le conseil municipal est convoqué à l'effet de se trouver jeudi prochain, 10 de ce mois, heure de midi, à l'hôtel de ville, pour de là se rendre encore à l'écluse de Pont-de-l'Arche et être présent à l'arrivée du cortège". Bon je passe certains articles. "Un drapeau tricolore sera placé au clocher de l'église de cette ville dans la matinée de jeudi à l'occasion de cette solennité. L'arrivée du cortège à l'écluse sera salué par 21 coups de canon. L'écluse sera illuminée pendant la nuit et le lendemain matin, le départ du cortège sera également salué de 21 coups de canon et les cloches sonneront de nouveau". Donc je vous passe certains articles. Et bien sûr la population était conviée à venir sur les bords de la Seine pour le passage du bateau.

[14:49]
La maison de la Vicomté à Criquebeuf-sur-Seine

Ici, la maison de la Vicomté, qu'on appelle aussi la maison Riquier. Alors là nous sommes à l'extrémité de Criquebeuf, à côté du hameau de Quatre-Age, en bord de Seine, et nous avons une maison du XVIe siècle qui a été classée monument historique en 1932. Alors c'était autrefois le lieu où se percevaient les droits de la Vicomté de l'eau de Rouen. Alors la Vicomté de l'eau est la juridiction la plus ancienne de Rouen. Elle a eu autorité sur la Seine et l'Eure de Caudebec à Blaru, Blaru c'est près de Giverny, de 1030 à 1745.

Mots-clés et témoignages associés

En cliquant sur un mot-clé, vous lancez une recherche de celui-ci dans le recueil.

Communes
Criquebeuf-sur-Seine
Pîtres
Pont-de-l'Arche


Périodes
Haut Moyen Âge
XIe-XVe siècles
XVIe siècle
XVIIe siècle
XVIIIe siècle
1800-1850


Thématiques
Architecture, urbanisme
Histoire
Légendes
Navigation
Ouvrages d'art


Voir aussi
Témoignage de M. Jean-Patrick BEAUFRETON, conteur normand, association La Piterne

Témoignage de Mme Sylviane BOUQUET, originaire de Pont-de-l'Arche, habitante de Pîtres

Témoignage de M. Andy DANVILLE, médiateur au Musée de la Batellerie à Poses

Témoignage de M. Yvon WENDEL, natif et habitant de Pont-de-l'Arche

Retour  en haut