Témoignage
Mme Marie-Claude LAURET
habitante de Pont-de-l'Arche
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Bonjour je suis Marie-Claude LAURET, j'habite Pont-de-l'Arche depuis maintenant 65 ans. Je suis arrivée vraiment toute petite comme vous pouvez vous en douter. J'ai découvert l'Eure et la Seine au gré des promenade avec mon grand-père. Bien sûr j'ai découvert les péniches, c'était un véritable attrait, qui passaient sur la Seine, et tout le phénomène des marées que l'on sentait jusqu'à Poses.
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L'usine électrique d'Igoville
Il y avait aussi un phénomène un peu particulier quand je suis arrivée : Pont-de-l'Arche était distribué par le courant continu, puisqu'il y avait une usine, qui existe toujours, de l'autre côté de la Seine, qui produisait de l'énergie électrique. Donc ça n'a pas duré très longtemps, je pense que dans les années 1954 le courant est arrivé en alternatif. Alors l'usine... les propriétaires, je les connais sous le nom de Lachner-Gaubert, le nom de l'usine je pense que c'était Gaubert plutôt.
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Les ponts de Pont-de-l'Arche
Quand je suis arrivée à Pont-de-l'Arche, bien sûr les ponts avaient été détruits pendant la Seconde Guerre mondiale, et nous avions des ponts en bois ou des ponts de l'armée. Donc le pont d'Arromanches est une structure métal, et il y avait un pont en bois qui lorsqu'on passait dessus en voiture, faisait un bruit effroyable : on entendait les lattes de bois sauter après le passage de chaque roue. Et quand on est enfant, c'était vraiment très impressionnant. Alors ce pont a disparu très vite puisque le nouveau a été en construction je ne sais plus en quelle année parce que j'étais vraiment petite, je pense qu'il a été inauguré en 1956... en janvier 1956\. Et c'est quand même quelques souvenirs, puisque mon frère escaladait les poutres et faisait le singe sur ces poutres métalliques, au risque de tomber dans l'eau. Bon, les parents ne savaient pas, c'était très bien. J'ai vu la construction du pont et l'inauguration du pont, quand j'étais à l'école, maternelle ou peut-être première année de primaire, je ne me souviens plus très bien. Le pont, je crois qu'il a été inauguré en 1956, si mes souvenirs sont bons. Donc on était tous, les enfants des écoles, bien habillés, à attendre que les autorités viennent et coupent le ruban. Donc c'était vraiment une très grande impression.
[02:55]
Le barrage de Poses
C'est vrai qu'on se promenait très souvent du côté de Poses. C'est un barrage, quand on est petit, qui est impressionnant, ne serait-ce que par le bruit de l'eau qui se déverse, et je me souviens d'avoir été prise en photo sur un scooter près de ce barrage, et je crois que je tremblais de tous mes os tellement il y avait un bruit lié au passage de l'eau. C'était un lieu d'attraction, puisqu'il y avait le barrage, et en particulier après les constructions des usines qui sont arrivées avec la décentralisation du bassin parisien en province, on a vu ces usines qui avaient une forme de de pollution et qui faisaient ces nuages de mousse qu'on voyait sur la Seine. On ne comprenait pas très bien ce que c'était mais c'était plutôt rigolo de voir ces gros paquets de mousse voguer au fil des marées, et plus ou moins denses
[04:02]
Les loisirs
Il y a eu aussi dans des années toutes les compétitions nautiques qui étaient autour de Poses et qui étaient aussi impressionnantes. Il y avait un jeune qui avait dû être champion de France dans les années 1970, je suis en train de chercher son nom, je ne m'en rappelle plus... Mais tous ces sauts qu'il faisait en ski nautique, ski acrobatique, c'était aussi de grands moments. Je me rappelle toutes les activités qu'on pouvait avoir sur l'eau, en particulier des activités avec le centre de loisirs, quand on a fait des objets flottants non identifiés. Je ne sais pas si on ferait ça aujourd'hui, mais c'était vraiment des constructions ultra légères et il y avait beaucoup de joie de vivre et de bonne humeur puisque ces constructions étaient vraiment très fragiles. Il y avait les pompiers qui étaient là et qui pouvaient intervenir à tout moment au moindre signe de danger. Je peux vous dire aussi que ça c'est très bien déroulé. Il y avait aussi une autre chose dont je me souviens sur les berges de l'Eure, alors ça c'est aussi un souvenir un peu lointain, il y avait eu comice agricole. Avec tracteurs, vaches et autres, exposition de tous ces animaux de la ferme et de tous ces engins motorisés qui étaient toujours impressionnants. Bon c'est le seul et unique comice agricole que j'ai connu à Pont-de-l'Arche. Je ne me rappelle pas l'année. Je me souviens très bien de cette péniche baptisée ensuite le Pourquoi-Pas, péniche qui a traversé le petit déversoir, le petit passage qu'il y a entre l'Eure et la Seine, où il a fallu attendre une marée avec un coefficient important pour qu'elle ne racle pas trop le fond de l'eau, et qui est arrivée donc dans l'Eure, qui a été transformée, aménagée avec un plancher en ciment au fond pour en faire une belle boîte de nuit où tous les gens se retrouvaient. Pour moi, c'est à la fin des années 1960 et début des années 1970\. Alors c'est vrai qu'il y a une époque aussi où on a vu l'arrivée de cygnes. Il y en avait très peu, sur l'Eure ils étaient essentiellement. Maintenant il y en a beaucoup plus. Et ces cygnes ont été la cible de jeunes qui leur ont jeté des cailloux et qui prenaient ça pour des oiseaux à détruire plutôt qu'à admirer pour leur plumage blanc. Et ça fait la Une du journal local et avec des articles pour dénoncer cette barbarie sur des oiseaux... C'est vrai que c'était quand même des périodes où les gens sortaient beaucoup le week-end, il y avait des barques de pêcheurs tout au long de l'Eure, il y avait une péniche habitée. Je ne sais pas si elle n'est pas toujours habitée, d'ailleurs. Et vous aviez des gens qui se promenaient tous les dimanches et qui pêchaient. Les concours de pêche, on en voit un petit peu moins, mais à une époque c'est vrai que c'était une véritable activité. Après, d'autres souvenirs liés à l'eau, bien sûr, c'est l'île, avec les quantités d'escargots qu'il y avait sur cette île, parce qu'il y avait de l'humidité, il y avait beaucoup d'escargots... Donc on ramassait des escargots. Je ne me souviens plus si on les mangeait, mais certainement qu'il y a des gens qui les mangeaient.
[07:55]
Le quart nage !
C'est vrai que sur la Seine, on a toujours entendu parler des histoires de quart nage, où il y avait un peu un système de contrebande pour éviter de payer des taxes sur les fûts d'alcool. On envoyait des fûts qui suivaient les courants surtout en marée descendante, qui partaient certainement du niveau de Pont-de-l'Arche, et qui arrivaient sur Elbeuf. Et il y avait des mots de passe : on disait "Le quart nage, le quart nage"... Et tout le monde était attentif à ce qui flottait sur la Seine. Histoire que j'ai entendue mais que je n'ai jamais vérifiée dans aucun livre d'Histoire. Le quart, c'était des petits fûts qui contenaient un quart... alors c'est la taille des barriques, donc plus ou moins grosses, et le quart, ça devait être une quantité pas très importante, mais pour de l'alcool très importante...
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