Témoignage

M. Yvon WENDEL
natif et habitant de Pont-de-l'Arche

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[00:12] Je suis Yvon WENDEL, j'habite à Pont-de-l'Arche depuis 75 ans bientôt. Très bientôt même. J'ai toujours vécu ici et j'habite dans la maison de mes grands-parents. Enfin, mes parents ont racheté la maison et je vis dans le logement de mes grands-parents.

[00:32]
Péniches

Mes grands-parents, qui m'ont gardé, et qui travaillaient à réparer les bateaux à côté de Pont-de-l'Arche. De l'autre côté du pont en allant vers la carrière. Il était quasiment à la retraite presque quand il m'a emmené quoi. Nostalgie... faire un tour là-bas. Les péniches étaient tractées par un gros câble d'acier qui remontait une pente. J'ai voulu faire acheter ce bâtiment-là par la commune pour que mon entreprise où j'étais s'installe. Mais bon, il y avait trop de travail à faire dessus, le patron a dit non je ne marche pas. On ne fait pas ça. La rampe doit exister toujours mais bon tous les bâtiments sont en piteux état. Comme c'était une casse auto, donc on ne s'inquiète pas trop... Mais au début ils ont désossé des péniches, quand ils se sont installés. Ça représente de la ferraille, hein. J'ai toujours voulu faire comme mon grand-père, travailler la ferraille. J'ai un bout de ferraille qui traîne dans le mur là, c'est l'attache du garage qu'il avait fait avec des panneaux de péniche. Parce qu'à l'époque on récupérait tout, quoi, rien ne se jetait, on faisait des économies, on faisait du recyclage déjà. Alors que maintenant on a tendance à jeter beaucoup. Et moi également je suis dans le recyclage de vieux outils. [02:11] Là il y avait une maison à côté du pont. En bas il y a une maison de pilote. Il pilotait des péniches. Je me rappelle du bonhomme : la casquette, barbe. Il faisait vraiment marin quoi. Bah ils on bouché tout ça. C'est dans les remparts, juste sous le pont. Quand vous êtes sur le pont, c'est en dessous en allant vers Pont-de-l'Arche. Il ne s'arrêtait pas à Pont-de-l'Arche, il pouvait s'arrêter par exemple à Poses. Et puis on venait le chercher quoi. Et souvent ils passaient leur vie sur la péniche. Il y avait beaucoup plus de péniches que maintenant. Maintenant vous avez un gros bateau qui passe, c'est l'équivalent de trois ou quatre péniches peut-être. C'est moins joli je trouve. J'ai un copain, ses cousins avaient une péniche, c'était vachement beau à l'intérieur. Il m'a fait descendre une fois, on ne se rend pas compte, c'est vraiment un petit appartement. [03:20] Mon fils voulait acheter une péniche pour faire une salle de spectacles. Mais bon, les autorisations, tout ça, c'est très compliqué, et ça faisait beaucoup de travaux sur la péniche. Alors on a eu le Pourquoi Pas à Pont-de-l'Arche. J'ai connu, j'y suis monté une fois pour la remise d'une médaille à un ami là-dedans. C'était magnifique. Le Pourquoi Pas, c'est un chauffeur de la SICA qui avait monté ça avec son gendre pour faire une salle de spectacles le soir, un dancing quoi. Il y avait un escalier en bois pour descendre, ça je me rappelle parce que je suis assez menuiserie un petit peu. Magnifique. Ça a duré un certain temps, il est monté sur Paris le bateau, il a été racheté, et je crois qu'il y a une allumette qui est tombée dedans... Alors après le Pourquoi Pas il y avait un bateau en béton qui existe toujours. Ça fait depuis 75 ans qu'il est là, peut-être avant même. Moi je l'ai toujours connu. Ça faisait drôle de voir un bateau en béton comme ça.

[04:38]
Explorateurs et nageurs

Les souvenirs que j'ai de l'Eure et de La Seine, c'est un voyage que mon grand-père m'a emmené voir là-bas, pour les péniches. Alors forcément j'avais une dizaine d'années, ça paraissait monstrueux. Et à l'époque... ça fait bizarre de parler de ça maintenant avec l'informatique, la télé, tout ce qu'on voit, mais quand on allait dans l'île avec des copains, d'abord c'était en douce parce qu'on n'avait pas le droit, ça nous paraissait exotique. Quand on était à l'école il y avait des gens qui venaient, qu'on appelait des explorateurs. Ils nous racontaient leur vie là-bas et nous quand on allait dans l'île on avait l'impression qu'on était dans la forêt vierge. Et on allait au déversoir. Quand on arrivait bah c'était immense, la Seine nous paraissait démesurée. C'est des bons souvenirs... on traversait la forêt vierge, on allait à l'écluse... enfin c'était... On prenait des risques ! On n'avait pas le droit. [05:51] Ici c'est l'île, qui était séparée du déversoir. Et ils ont construit le pont là-dessus donc ils ont dû remblayer je pense, je ne me rappelle plus comment ça s'est passé. Mais ça communiquait avec la Seine quand il y avait beaucoup beaucoup d'eau. [06:08] On a appris à nager dans la Seine. Elle était claire à cette époque-là. Et c'était au bout du pont des Américains. Parce que avant, le pont en pierre de Pont-de-l'Arche était au Crédit Agricole, tout droit. Bon ça, moi je n'ai pas connu. Ou alors j'étais vraiment très petit. Donc, on passait le pont des Américains alors forcément sur le pont des Américains on était gamins... Et de l'autre côté de la Seine il y avait une espèce de plage. On était là avec nos caleçons de bain qui nous arrivaient sous les seins... Bon.. mon frère a appris à nager, moi pas parce que l'eau, je n'aimais pas. J'aime bien sentir le fond. Lui, il a fait de la natation après, il a fait de la plongée sous-marine, il a fait tout ça. Ah c'est là qu'on a commencé. On était tous les trois : mon père et mon frère. Mon père nageait bien. Mais moi, je n'aimais pas. Je n'aimais pas l'eau. [07:17] Donc ici, je n'ai jamais connu ça, mais il y avait une écluse à Pont-de-l'Arche. C'était à l'usine électrique. Quand on allait se baigner, on était au pied d'une usine électrique. Je ne l'ai jamais vu fonctionner, tout ça. Il reste la cheminée. Ils ont construit deux petits immeubles à l'espace là, pour vous situer l'affaire. Mais ça, je n'ai jamais connu, ça. [07:50] On prenait le pont des Américains... Parce que maintenant il y a le pont Mendès-France, que j'ai vu construire. Puisqu'on était en primaire à cette époque-là. On nous a emmenés pour chanter la Marseillaise. Il y avait tous les camions, c'était impressionnant le nombre de camions qui faisaient le test de fiabilité. Quand on est gamin tout petit comme ça c'est très impressionnant.

[08:20]
La vie au bord de l'eau

Il y a un bateau qui s'appelait le bateau-lavoir, c'était à la grand-mère de ma tante. De la famille Cotoner... à l'époque eux ils s'appelaient Riberpray je crois. Les gens amenaient leur linge et la grand-mère lavait le linge. Un bateau qui était à quai à l'endroit du pont actuel, dans ces eaux-là. Quand on voit les berges comment elles sont, oui c'est très vieux. Il y a eu des fêtes sur l'eau, oui, des joutes. Mais bon, c'est loin... Sur le bras de l'Eure qui est entre le pont Bailey, enfin entre le camping et le pont actuel. Ça ressemble à ce qu'on voit sur le port de Sète, c'est exactement la même chose que ça. Les barques étaient aménagées spécialement avec une plateforme et le gars avait son espèce de canne avec son bouclier. Je n'ai vu qu'une fois. Une fois il y a eu quelque chose sur la Seine avec des bateaux. Toutes sortes de bateaux. Je ne sais pas si ce n'est pas pour la première Armada. Et il y en a qui s'arrêtaient, alors nous on était sur le pont pour voir parce qu'on savait qu'ils allaient passer quoi. Et c'est pareil, comme il n'y avait pas beaucoup d'attractions, la berge était pleine de monde. Au feu d'artifice à la Sainte-Anne, c'est pareil. C'est toujours d'actualité. J'ai connu la construction du camping aussi. J'ai des photos dans le couloir, des photos de cartes postales tout ça que j'ai mis. Quand les gens ne connaissent pas, ils rentrent et se remémorent un peu les souvenirs. C'était un terrain vague. [10:20] En plus j'avais un copain qui habitait quasiment en face du bout du camping maintenant, et quand on était en primaire on a vu des grandes inondations. Ça arrivait... il avait trois marches pour rentrer chez lui, et l'eau arrivait à ce niveau-là. Et là, la route commence à remonter. C'était très impressionnant. Ah, quand on est gamin il y a des images qui marquent comme ça. J'en ai refait une photo en 2003 je crois, mais il y avait moins d'eau que ça mais c'est déjà impressionnant. Inondation de 2001, qui était moins importante que celle des années 1950 quand même, mais impressionnante : ça faisait beaucoup d'eau. Et la photographe de Pont-de-l'Arche, quand elle a vu mon développement elle m'a dit d'en faire une grande, que j'ai là, voilà. Ça ne couvre plus la route maintenant, mais bon, il y a eu pas mal de carrières de creusées tout autour. J'avais un client, Monsieur Stref, qui m'avait dit "On nous critique parce qu'on fait des trous, on nous paiera pour en faire". Mais il avait raison.

[11:33]
Le barrage de Poses

Mes parents n'avaient pas de voiture donc c'était plus délicat, mais c'est quand j'ai commencé à fréquenter ma femme, quoi, ses parents avaient une voiture. Donc le dimanche c'est la traditionnelle sortie familiale, pas toujours marrant... qu'on ne reproduit pas avec les enfants parce que c'était pas drôle. Donc j'ai connu ça, j'ai circulé pas mal avec eux. Mais sinon non, les parents... Je me demande si on ne l'a pas fait une fois à vélo. Et là j'ai mon fils qui reproduit ça avec ses enfants. Ils habitent au Manoir. Le petit qui a 12 ans y va en courant et la petite est en vélo. Ils prennent le pont du Manoir et ils arrivent tout de suite dessus. C'est bien, c'est une attraction quand même, c'est impressionnant de voir cette masse d'eau qui déboule. [12:34] Le barrage, j'ai travaillé dessus. Sur la passerelle. Avec l'entreprise SIMO de Martot. On a relevé toute la passerelle piétonne d'1m50. J'ai une photo là à l'intérieur, là. Dans les années 1970. C'est pour les pousseurs : comme ils ont la cabine qui se lève, ils ne passaient plus sous la passerelle. Donc il fallait relever d'1m50 et je crois qu'ils l'ont re-élevée encore depuis. Peut-être l'année dernière ou récemment, ou ça va se faire. Parce qu'ils sont de plus en plus gros, les pousseurs. C'est impressionnant. C'était un gros chantier. Le gars qui s'occupait de ça, Gibert... Jean-Claude Gibert : on se connaissait un petit peu parce qu'il venait nous voir jouer au foot là-bas à la SIMO. Et puis on a sympathisé et puis un jour il y avait un chantier à faire et il m'a dit tiens, tu viens me voir. Ça s'est fait comme ça, les relations c'est comme ça. Et c'était un chantier intéressant, ah oui.

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